Dvar Torah publiés par Tomer Debora

PARASHAT BALAK

Au début de notre Parasha, Rashi nous explique comment deux nations non-juives, Moav et Midian, se sont unies contre Israël. En effet devant la réussite insolente des Béné Israël dans   leur guerre contre le Émori quand ils ont tué les deux rois géants Si’hon et ‘Og, le pays de Moav prit peur et se désigna un nouveau roi en la personne de Balak. Il n’était pas de Moav mais de Midian, mais il était célèbre pour sa puissance au combat. Bien que se détestant depuis toujours, Moav et Midian firent la paix entre eux par peur d’Israël. Quand les gens de Moav virent le Klal Israël gagner les guerres d’une façon qui n’était pas naturelle, ils se dirent : Moshé le chef des juifs a été élevé en Midian chez Ytro son beau-père, demandons leur quelle est sa qualité. Ils leur répondirent : « Sa force n’est que dans sa bouche. » C’est pourquoi ils choisirent de combattre Moshé grâce à un homme dont la force est aussi dans sa bouche : Bilam. Balak était personnellement convaincu du pouvoir de Bilam car des années auparavant, celui-ci avait prophétisé qu’il deviendrait roi, et ses prévisions s’étaient accomplies.

Le roi Balak envoie donc des messagers pour chercher Bilam et maudire le Klal Israël. Ils lui disent en son nom : « Viens, je t’en prie maudire pour moi ce peuple car il est plus puissant que moi. Peut-être réussirai-je à le frapper et je le chasserai du pays. Car je sais que ce que tu bénis est béni et ce que tu maudis est maudit. » (Bamidbar 22 ; 6) En fin de comptes, Bilam ne réussira pas à maudire le Klal Israël, au contraire il le bénira. Le roi Balak lui dira alors : « C’est pour maudire mes ennemis que je t’ai appelé et voici, bénir, tu les as bénis cela fait trois fois ! » (Ibid. 24 ; 10)

Nos maîtres nous ont enseigné sur Bilam dans le traité de Avot (Pérek 5) : Celui qui possède les trois vices suivants est un disciple de Bilam Harasha : l’envie, l’orgueil et l’ambition. Quand Bilam répond aux envoyés du roi Balak venus le chercher : « Même si Balak me donnait sa maison pleine d’argent et d’or, je ne pourrai transgresser la bouche d’Hashem pour faire quoi que se soit de petit ou de grand. » (Ibid. 22 ; 18) Rashi explique : Nous apprenons de là combien il était cupide, il convoitait l’argent des autres. Il dit : « Il convient qu’il me donne tout son argent et son or, car normalement il aurait besoin de louer les services de nombreuses armées et même ainsi il ne serait pas sûr de vaincre, tandis que moi, c’est sûr que je les vaincrai. »

Nous pouvons mettre en relation cette réaction de Bilam avec la réaction d’un de nos maîtres dans Avot (Pérek 6) : Rabbi Yossé Ben Kisma disait : « Etant un jour en voyage, je fis la rencontre d’un homme qui me demanda : D’où es-tu Rabbi ? Je suis, répondis-je, d’une ville renommée par le grand nombre de ‘Ha’hamim qu’elle possède. Rabbi, reprit-il, viens demeurer dans la ville que j’habite, et je te donnerai un million de pièces d’or, des perles et des diamants. Je lui répondit : Quand bien même me donnerais-tu tout l’argent, tout l’or, toutes les perles et toutes les pierres précieuses du monde, je ne fixerai ma résidence que dans un endroit de Tora. Comme l’a dit David Hamélè’h (Téhilim 119 ; 72) : « L’enseignement de Ta bouche (la Tora) m’est plus précieux que des milliers de pièces d’or et d’argent. » D’ailleurs, continuai-je, au moment où l’homme quitte ce monde, ce ne sont ni son or, ni son argent, ni ses perles, ni ses pierres précieuses qui l’accompagnent, mais uniquement l’étude de la Tora et les Mitsvot qu’il a accomplies. »    

Se pose donc la question : Nous voyons dans cette Mishna que même Rabbi Yossé Ben Kisma a mentionné dans ses paroles tout l’or et l’argent du monde, et pour lui ‘Hazal n’en ont pas conclu qu’il était cupide pour autant. Au contraire, cela lui a été compté comme un mérite. Pourquoi ?

La réponse est simple, Rabbi Yossé Ben Kisma n’a fait que répondre à une question qu’on lui posait. On lui proposait cet argent, c’est pourquoi cela lui a été compté comme un mérite. En revanche, pour Bilam, on ne lui a rien proposé, c’est lui qui a demandé de l’argent, et quel argent ! Il a ainsi dévoilé le fond de son être, seul compte pour lui l’argent.

Nous pouvons donc tirer de notre Parasha un grand Moussar (morale, éthique) : à travers les paroles d’un homme on peut deviner ce qu’il est, qui il est, quels sont ses points d’intérêts. Dans la Hagada de Péssa’h nous disons à propos des questions des quatre fils : ‘Ha’ham Maou Omer ? (le sage, que dit-il ?). On peut aussi donner une autre lecture de ce passage : ‘Ha’ham Ma Hou ? Omer ! C'est-à-dire : ‘Ha’ham Ma Hou ? Le ‘Ha’ham, qu’est-ce qu’il est, qui est-il ? Omer ! Fais-le parler, écoute-le parler. Si la majorité de ses paroles sont des choses intelligentes, c’est que c’est un sage, mais si à longueur de journée il ne déblatère que des inepties, alors sache qu’il est vide. Un homme fou amoureux nous parlera de la femme qu’il aime tout le temps, un passionné de football pourra citer sans faute tous les noms des joueurs et combien de buts chacun a marqué, etc. Ecoute-le parler et tu sauras qui il est et ce qui l’intéresse.

A l’époque de Shlomo Hamélè’h (le roi Salomon), trois hommes arrivèrent au palais et racontèrent une histoire étrange : ils étaient partis en voyage ensemble et s’étaient retrouvés loin de chez eux la veille du Shabbat avec des fortes sommes d’argent sur eux. Comme il est interdit de déplacer de l’argent le jour du Shabbat, ils l’avaient déposé dans une cachette. A la fin de Shabbat, quand ils sont revenus prendre leur argent, il avait disparu. Comme la cachette n’était connue que d’eux seuls, l’un des trois devait être le voleur. Mais lequel ?

Ils décidèrent de s’adresser au roi connaissant sa sagesse et ils racontèrent leur histoire. Shlomo Hamélè’h les écouta attentivement et en guise de réponse il leur demanda : « Je vois que vous êtes des hommes intelligents et que vous savez raisonner. Avant de répondre à votre question, pourriez-vous m’aider à résoudre un problème difficile qui m’a été présenté ? L’énigme est la suivante : deux enfants, un garçon et une fille qui étaient voisins, se plaisaient et s’étaient promis en mariage. Des années passèrent et la jeune fille voulut épouser un autre jeune homme. Que faire ? Elle remplit une bourse de pièces d’or et se rendit chez le voisin à qui elle s’était promise et qui habitait à présent loin de chez elle. Accepte cet argent, lui dit-elle, et libère moi de mon engagement. Le jeune homme qui avait bon cœur consentit et lui permis d’en choisir un autre que lui. Il renonça  également à prendre l’argent qu’elle avait apporté en compensation. La jeune fille retourna heureuse chez elle. Sur le chemin elle fut attaquée par un voleur qui voulut lui prendre tout son argent. Elle se mit alors à pleurer et elle lui expliqua toute son aventure et notamment que son ex fiancé avait renoncé à prendre cet argent et qu’elle en avait besoin pour se marier. Le brigand fut touché par ses pleurs et son récit et il lui rendit tout l’argent. Elle pu donc retourner chez elle sans encombre. »

Le roi continua ainsi : « Vous avez entendu l’histoire comment elle s’est passé, ma question est la suivante, qui mérite le plus d’éloges ? Le jeune homme qui a renoncé à son ancienne fiancée, la jeune fille qui ne s’est pas mariée sans en recevoir la permission ou le voleur qui a rendu l’argent et libéré la jeune fille ? »

Un des trois hommes répondit sans hésiter : « J’admire la jeune fille qui est restée honnête face à sa promesse. »

Le deuxième dit : « A mon avis c’est le jeune homme qui mérite les louanges car il a eu bon cœur de lui permettre de se marier avec un autre que lui. »

Le troisième quant à lui dit : « Pour moi c’est le brigand qui est exceptionnel car il a rendu à la jeune fille tout l’argent qui était tombé dans ses mains. »

A ces mots, le roi se leva et lui dit : « C’est toi le voleur ! Car à tes yeux celui qui renonce à de l’argent est admirable. Ta bouche nous a dévoilé ce qui est caché dans ton cœur : Pour toi l’argent est plus que tout ! » L’homme avoua.

De ce récit nous apprenons l’importance de la parole. Un homme se reconnait par sa parole. Nous devrions nous écouter un peu plus quand nous parlons, de quoi parlons-nous ? Quels sont nos points d’intérêts ? Ainsi nous pourrions mieux nous connaître et donc mieux nous arranger, mieux rectifier nos travers. Certains passent leur temps à parler des autres. Heureusement qu’il y a trois repas de Shabbat comme cela on a le temps d’éplucher toute la liste de la communauté ! Ecoutons-nous afin de savoir qui nous sommes vraiment. Peut-être serons-nous surpris de ce que nous allons découvrir …

Qu’Hashem nous aide à ce que la majorité de nos paroles soient des paroles permises, des paroles de gentillesse, des paroles pour soutenir notre prochain, des paroles de Tora et de Mitsvot dont nous pourrons être fiers. Amen.

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